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ordres : afin que personne ne pensast lié de mon courage & de ma retraite, qui me peust estre desavantageux, Apres cela je le quittay : & luy rejoignances siens, continua de marcher vers l’Armée des Rois Alliez : qui de leur costé, se preparoient à combattre. Ils taschoient de persuader à leurs Soldats, que la deffaite de leurs Troupes leur feroit avantageuse : puis que la fatigue que leurs Ennemis avoient euë à les vaincre, devoit les avoir affaiblis. Mais quoy qu’ils pussent dite, le Nom d’Artamene les estonnoit plus, que la voix de leurs Princes ne les s’assuroit. Cependant ces deux Corps d’Armée paroissant animez d’un mesme esprit, & d’une mesme fureur, s’avancerent & s’aprocherent à la portée de la fléche : l’air en fut en un moment tout obscurcy : le fracas des traits qui se rencontrent, qui se choquent, & qui se brisent en ces occasions. se joignit au bruit esclattant de cette harmonie guerriere, dont on se sert dans tous les combats : & frapant l’oreille de tous les Soldats de l’un & de l’autre Party, redoubla dans le cœur des uns & des aimes, un ardant desir de vaincre. Apres avoir vidé leurs Carquois, ils s’aprocherent davantage : ceux qui portoient des Javelots, les lancerent avec une force extréme : les Espées suivirent bien toit : & ces deux Armées venant aux mains & se meslant, tous ceux qui les composoient firent ce qu’ont accoustume de faire de vaillans Soldats, conduits par de vaillans Capitaines. C’est à dire que tout se mesla ; que tout combatit ; que tout voulut vaincre ; & que chacun à son tour, attaqua & fut attaqué. L’aigle gauche de l’Armée d’Artamene, enfonça la droite de celle des Rois Alliez : & la gauche de ces Princes esbranla fort la droite d’Artamene, Pour luy, il fit non seulement ce qu’il avoit accoustumé