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comme nous la deſcouvrismes, Philoxipe qui auſſi bien avoit beſoin de ſe repoſer, s’arreſta : & la monſtrant au Roy, Seigneur, luy dit il avec une confuſion eſtrange, voila le lieu qui m’a fait quitter Paphos : Voila l’endroit de toute la Terre qui me plaiſt le plus : & où vous allez voir une perſonne, qui peut-eſtre vous fera pluſtost Rival de Philoxipe, que Philoxipe n’eſt le voſtre. Ce Prince dit cela avec un ſousris qui marquoit viſiblement que la ſeule eſperance de revoir Policrite, avoit remis la joye dans ſon cœur ; ce n’eſt pas qu’il n’aprehendaſt de déplaire à cette jeune Perſonne, & d’irriter encore Cleanthe, en menant le Roy chez luy : mais la choſe n’ayant point de remede, il s’y eſtoit reſolu : & cette crainte n’empeſchoit pas que la joye n’euſt place en ſon ame. Apres que le Roy eut aſſez conſideré la grandeur de l’amour de Philoxipe, par la petiteſſe de la Cabane de Policrite : & qu’il eut pourtant adjoüé, que ce Deſert avoit quelque choſe de ſauvage qui ne déplaiſoit pas : nous marchaſmes, & nous arrivaſmes enfin à cette petite Paliſſade de Lauriers qui fermoit la court de Cleanthe. Nous y entraſmes donc, & Philoxipe devançant alors le Roy, fut à la Maiſon, dont il trouva la porte fermée. Il frapa ſans que perſonne reſpondist : ce qui d’abord luy fit croire que peut-eſtre toute la Famille de Cleanthe ſeroit allée à ce petit Temple où il avoit veû une fois Policrite. Neantmoins comme il euſt pû eſtre que quelqu’un euſt eſté dans cette Maiſon qui ne l’euſt pas entendu, il frapa encore : & frapa ſi fort en effet, qu’un jeune Eſclaue qui ſeruoit Cleanthe leur vint ouvrir : qui connoiſſant bien Philoxipe, luy dit, apres qu’il luy eut demandé où eſtoit ſon Maiſtre ? Seigneur, je