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Le reſte de ſon habillement eſtoit blanc, & d’une forme agreable : ſes manches qui eſtoient fort larges, eſtoient retrouſſées avec des rubans de belles couleurs : & quoy que cét habit n’euſt rien du tout de magnifique ; & qu’au lieu de Perles & de Diamans, Policrite ne fuſt parée que de fleurs ; il y avoit pourtant quelque choſe de ſi galant & de ſi propre en ſa parure, que Philoxipe ne l’avoit jamais veuë ſi belle. Plus il la voyoit, plus il l’aimoit : & plus il l’entendoit, plus il l’admiroit : & ſoit qu’il entretinſt Cleanthe ; ſoit qu’il parlaſt à Megiſto ; ſoit qu’il s’adreſſast à Policrite ; ou que meſme il diſt quelque civilité à Doride ; il eſtoit touſjours plus ſurpris. Que ne fit il point alors, pour les obliger à luy dire quelque choſe de plus que ce que Cleanthe luy avoit dit, & pour les perſuader de ſouffrir qu’il les logeaſt mieux qu’ils n’eſtoient ! Il voulut meſme offrir des Pierreries à Cleanthe, pour en faire ce qu’il luy plairoit : mais quoy qu’il pend faire, il ne pût ny rien aprendre, ny rien obtenir, que la ſeule permiſſion d’aller quelquefois chez eux : encore ne la luy donnerent ils, que parce qu’ils ne la luy pouvoient refuſèr. Je ne m’arreſteray point à vous dire, avec quelle aſſiduité Philoxipe retourna en ce lieu là, pendant douze jours qu’il fut à Clarie, ſans retourner à Paphos : mais je vous diray qu’enfin Cleanthe qui avoit de l’eſprit, & Megiſto qui n’en manquoit pas, s’aperçevant aiſément que la beauté de Policrite eſtoit la cauſe des viſites de ce Prince, luy firent une grande leçon, & luy dirent qu’elle ſongeast bien à elle : & qu’elle concideraſt, que l’amour de Philoxipe ne luy pouvoit eſtre que dommageable : & qu’ainſi elle veſcust aveque luy