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Cabane eſt indigne de vous : & il faut chercher les voyes de vous en tirer. J’y ſuis ſi. contente, Seigneur, reprit elle, que ce ſeroit me rendre un mauvais office ; & je m’imagine que vous n’en avez pas le deſſein : c’eſt pourquoy je vous conjure de m’y laiſſer dans la ſolitude où j’eſtois, quand vous y eſtes arrivé. Caraus ſi bien ne vous reſpondrois-je plus guere : n’y ayant preſque rien au monde dont je puiſſe parler par ma propre expérience. Philoxipe qui remarqua en effet que cette jeune Perſonne avoit de l’inquiétude de le voir ſi long temps aupres d’elle, quoy que ce ne fuſt pas d’une maniere deſobligeante, ne voulut pas la fâcher : de ſorte que ſe faiſant une violence extréme, il voulut s’en aller apres l’avoir ſalüée avec autant de civilité, que ſi elle euſt eſté ſur le Throſne. Mais Seigneur, luy dit elle fort agreablement, vous sçavez que je me nomme Policrite, & je ne pourray pas dire à mon Pere le Nom de celuy qui luy a fait l’honneur de le demander. Vous luy direz, reprit ce Prince tout tranſporté d’amour, que je m’apelle Philoxipe. Ha Seigneur, reſpondit Policrite, je vous demande pardon, ſi je ne vous ay pas traité avec aſſez de reſpect : Quoy, repliquat’il, mon Nom ne vous eſt il pas inconnu ? Nullement Seigneur, luy dit elle, & j’ay entendu dire des choſes de vous à mon Pere, quoy qu’il ne vous connoiſſe que ſur le rapport d’autruy, qui font que je ne doute point qu’il ne ſoit ravy de joye, quand il sçaura que vous luy voulez faire la grace de luy commander quelque choſe pour voſtre ſervice. Philoxipe tout charmé d’entendre parler Policrite de cette ſorte, luy dit encore cent choſes