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menerent Leontidas à Artamene : qui pour ne perdre point de temps, le fit aſſoir au milieu d’eux ; & l’obligea de commencer ſon diſcours en cette ſorte.


H I S T O I R E
DE PHILOXIPE
ET DE POLICRITE.


COmme vous n’avez pas fait un long ſejour en noſtre Iſle, je penſe, Seigneur, qu’il ne ſera pas hors de propos, de vous dire quelque choſe de ſes couſtumes, pour l’intelligence de cette Hiſtoire : & que vous ne trouverez pas mauvais que je vous die en peu de paroles, ce que je trouveray neceſſaire de vous aprendre, afin de vous rendre la ſuite de mon diſcours plus agreable. Vous sçaurez donc, Seigneur, que cette belle Iſle, qui pour ſa grandeur, ſa ſcituation, ſa fertilité, ſes belles & grandes Villes, & ſes magnifiques Temples, paſſe pour la plus celebre & pour la plus conſiderable, de toutes celles de la Mer Egée : quoy que comme vous ne l’ignorez pas, cette Mer en ſoit toute couverte ; a toujours eſté conſacrée à Venus : & que l’amour qui par tout ailleurs eſt une paſſion comme les autres, qui n’a nuls privileges particuliers ; eſt en cette Iſle un acte de Religion. Il ſemble que tous