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donné la conduite de ſes Armées à Artamene : S’il luy demandoit des nouvelles de Philoxipe, il luy diſoit qu’il avoit eu envie de venir luy meſme commander à la place de Thimocrate, afin de pouvoir revoir Artamene : & s’il luy parloit du Prince de Cilicie, il luy diſoit encore, qu’à moins que d’eſtre amoureux comme il l’eſtoit, de la Princeſſe ſa femme qu’il venoit d’eſpouser ; il ſeroit venu luy meſme, pour connoiſtre cet Artamene dont il avoit tant entendu parler. Enfin Ciaxare voyant qu’il n’y avoit point de diſcours ſi eſloigné, où le Nom d’Artamene ne trouvaſt ſa place en la bouche d’Artibie ; luy dit qu’il eſtoit juſte qu’il s’allaſt repoſer ; & ordonna qu’on le logeaſt le mieux qu’on pourroit, & que l’on en euſt tous les ſoings poſſibles. Mais auparavant que de le quitter, Artibie luy demanda la permiſſion d’aller du moins voir dans les fers, celuy qu’il avoit creû trouver à la teſte d’une Armée ; ce que Ciaxare luy accorda. Il fut donc à l’heure meſme conduit par Aglatidas & par Andramias, & accompagné par Thimocrate & par Philocles, à la Priſon d’Artamene : qui au ſeul Nom de Philoxipe, & de la Princeſſe Agariſte ſa Sœur, carreſſa extraordinairement Artibie. Ce Prince luy preſenta un de ſes Capitaines nommé Leontidas, qui eſtoit de Chipre, qu’Artamene avoit connu chez Philoxipe, dont il eſtoit Amy particulier : & que ce Prince avoit chargé en partant, de l’aſſurer de la continuation de ſon amitié, & de luy rendre une Lettre de ſa part. Artamene l’ayant reçeuë avec joye (car il eſtimoit infiniment Philoxipe, quoy qu’il n’euſt pas tardé fort long temps à l’Iſle de Chipre) demanda permiſſion à Artibie de la lire : & ayant obtenuë, il vit que cette Lettre eſtoit telle.