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Grand Roy, & par la valeur d’un homme auſſi extraordinaire comme eſtoit Artamene. Ciaxare rougit à ce diſcours : & eut quelque confuſion de voir, que celuy qui luy devoit preſenter les Troupes de Cilicie, eſtoit luy meſme en eſtat d’avoir beſoin de la faveur d’autruy. Ce Prince reçeut pourtant tres civilement ce que Thimocrate & Philocles luy dirent ; & leur accorda la permiſſion qu’ils luy demandoient, de faire entrer celuy qui commandoit ces Gens de guerre, qui eſtoit Frere du Prince de Cilicie. Ciaxare voulut meſme pour luy faire plus d’honneur, aller ſur les Ramparts de la Ville, afin de voir arriver ces Troupes, qui ſe trouverent eſtre fort belles ; compoſées d’hommes bien faits, bien armez, & bien aguerris ; & le Prince qui les conduiſoit, jeune & de fort bonne mine. Apres donc que le Roy eut veû paſſer les Troupes Ciliciennes au pied des Murailles, & qu’il eut ordonné qu’on les fiſt camper aupres de celles de Chipre, comme eſtant en amitié particuliere enſemble : le jeune Prince qui eſtoit leur Chef, apellé Artibie, fut conduit à Ciaxare par Thimocrate & par Philocles : qui luy dirent qu’Artamene n’eſtoit pas en eſtat de le preſenter. Artibie en aprenant la cauſe, en fut un peu ſurpris : & douta meſme s’il devoit continuer de s’offrir à Ciaxare : sçachant bien que Philoxipe n’avoit obligé le Prince ſon Frere à envoyer ces Troupes, que pour favoriſer Artamene. Mais Thimocrate & Philocles qui jugeoient bien qu’en cas de beſoing elles pourroient eſtre utiles à Artamene ; luy dirent qu’il ne faloit pas laiſſer de les offrir au Roy : mais qu’en luy parlant, il ne faloit pas auſſi qu’il manquaſt de s’aquiter de ſa commiſſion : & de luy teſmoigner que l’intereſt d’Artamene, eſtoit