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dit il parlant d’Arianite & de moy, & elles n’auront qu’à demander ce qu’il leur faudra, & qu’à ſuivre les avis d’un Medecin que j’ay icy, & qui a deſja commencé de vous aſſister. En effet il ſe trouva par bonheur que le Medecin de ce Prince qui eſtoit Grec, l’avoit accompagné dans ſa fuitte, ce qui nous fut un aſſez grand avantage : eſtant certain que cet homme eſt infiniment sçavant en l’Art qu’il profeſſe, comme l’ayant apris ſous le fameux Hippocrate, ſi celebre par tout le monde. Ce Prince eſtant donc ſorty, & ſes Gens nous ayant donné toutes les choſes neceſſaires, nous deſhabillasmes la Princeſſe & la miſmes au lict : en ſuitte dequoy ayant fait ſecher nos habillemens Arianite & moy, & pris d’une liqueur admirable que ce Medecin nous donna, qui par une venu toute extraordinaire, fortifie le cœur, & tempere l’agitation du ſang, nous paſſasmes le jour et. la nuit ſuivante, avec avez de repos. Car à vous dire la verité, la frayeur de la mort que nous avions eüe, & la laſſitude ou nous eſtions, fit que malgré nous le ſommeil ſuspendit toutes nos inquietudes. La Princeſſe ſoupiroit pourtant fort ſouvent : & ne pouvoit aſſez admirer la prodigieuſe rencontre que nous avions faite. De ſorte qu’apres qu’elle fut eſveillée, qu’elle s’aperçeut que je l’eſtois ; & qu’Arianite dormoit encore, elle m’apella. Comme l’on nous avoit miſes ſur un petit lict dans ſa Chambre ſelon ſes ordres, je ne l’entendis pas pluſtost que je me levay : & apres m’eſtre habillée en diligence, je fus. aupres d’elle. Je trouvay que ſa ſanté n’eſtoit pas mauvaiſe, veû l’accident qui nous eſtoit arrivé : mais je ne luy trouvay pas l’eſprit tranquile. Et bien Marteſie, me dit elle, que penſez vous de noſtre