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plus, la cruelle imagination qu’Aribée eſtoit devenu Maiſtre des Sujets du Roy ſon Pere, luy eſtoit encore une peine extréme : mais le plus fâcheux de tout ce qui la tourmentoit, c’eſt qu’apres tout, elle eſtoit touſjours en la puiſſance du Roy d’Aſſirie : & qu’elle ne pouvoit faire sçavoir à Artamene le lieu où elle eſtoit. Pendant tout cela, Mazare eſtoit touſjours civil, obligeant, & amoureux : & le Roy d’Aſſirie touſjours également maltraitté. A quelques jours de là, ayant apris la priſe de Babilone avec plus de certitude, quoy qu’il n’en euſt guere douté : il conſulta Aribée, ſur ce qu’il avoit à faire : mais ayant sçeu apres, la marche de l’Armée de Ciaxare vers la Capadoce, l’on nous amena icy : à cauſe de la commodité de la mer, que le Roy d’Aſſirie jugea qui pourroit touſjours l’empeſcher de voir retomber, la Princeſſe en la puiſſance d’Artamene. Aribée & luy faiſoient ce qu’ils pouvoient pour aſſembler des Troupes : mettant le rendez-vous de leurs levées à Pterie, afin de taſcher de ne deſcouvrir pas qu’ils fuſſent à Sinope. Mais bientoſt apres ils furent advertis que voſtre Armée s’approchoit, & qu’il eſtoit impoſſible que leurs Troupes fuſſent aſſez toſt preſtes, pour donner une ſeconde Bataille. Ce fut lors que le Roy d’Aſſirie ſe trouva en un eſtrange deſespoir : il parla diverſes fois à la Princeſſe : & luy parla meſme avec un peu plus de violence, qu’il n’avoit fait juſques alors. Neantmoins toit qu’il fuſt ſoumis ou furieux ; il ne pût jamais obliger Mandane, à luy dire une parole favorable. Cependant il appella un jour Mazare, & apres luy avoir bien repreſenté le malheureux eſtat où il ſe trouvoit : Enfin, luy dit il, j’en ſuis arrivé aux termes, qu’il ne