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il ne s’eſt entendu parler d’une pareille confuſion, à celle de Babilone : les uns prenoient les Armes afin de faire en ſorte que le Roy d’Aſſirie rendiſt la Princeſſe au Roy des Medes : les autres la vouloient avoir entre leurs mains, pour faire une Paix avantageuſe : Quelques uns meſme privez non ſeulement de toute raiſon, mais de toute humanité, parloient de la ſacrifier : les autres au contraire ſoustenoient qu’il luy faloit eſlever des Autels, veû ſa vertu & ſa conſtance : & qu’il ne faloit qu’aller prendre dequoy ſubsister chez ceux qui en avoient trop : les autres ſans autre pretexte, ſoustenoient qu’il faloit ſeulement prendre les armes pour ſecoüer le joug de la Royauté, & pour ſe rendre libres, puis que la Fortune leur en fourniſſoit une occaſion favorable : Enfin ils dirent tant de choſes inſolentes & criminelles, que je ſuis perſuadée qu’ils contribuerent autant à la priſe de leur Ville par leur revolte, que la force de l’Armée de Ciaxare y contribua. Ou pour mieux dire encore je croy que les Dieux ayant voulu en un meſme jour proteger l’innocence de la Princeſſe, & punir leur rebellion ; ſe ſervirent d’eux meſmes pour cela, & les aveuglerent pour les perdre. Et en effet, quoy qu’il ſemblast que la fureur de ce Peuple fuſt avantageuſe à la Princeſſe, veû l’eſtat où eſtoient les choſes : neantmoins au lieu des en reſjoüir elle s’en affligea : eſtant certain qu’il n’eſt rien de plus horrible, ny rien qui s’attaque plus directement à la Souveraine authorité des Dieux, que cette eſpece de crime, qui s’attaque à la Souveraine puiſſance des Rois qui ſont leur Image. Cependant comme le Roy d’Aſſirie eſt un Prince de grand cœur, & que Mazare n’en avoit pas moins pour le ſeconder ; il ne deſesperoit pas d’appaiſer