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car il sçeut que le jour meſme qu’il eſtoit arrivé à Babilone, il y eſtoit venu un envoyé de Claxare, demander la Princeſſe de Capadoce, à la Reine Nitocris : & que la Reine avoit deſadvoüé ſon action : & avoit dit qu’elle ſeroit la premiere à prendre les armes, pour tirer la Princeſſe de Capadoce de ſes mains. Que comme elle avoit eu leû la Lettre que le Prince d’Aſſirie luy avoit eſcrite, elle n’avoit pû s’empeſcher de dire : qu’elle vouloit bien qu’il amenaſt Mandane à Babilone : mais que ce ſeroit pour la renvoyer à Ciaxare. Ce n’eſt pas que Mazare ne fiſt tout ce qu’il pût pour fléchir le cœur de Nitocris, mais ce fut inutilement : & il manda au Prince d’Aſſirie, qu’il ne luy conſeilloit pas d’obeïr au commandement que la Reine luy faiſoit, d’amener à Babilone la Princeſſe qu’il avoit enlevée : parce qu’il sçavoit que la Reine en renvoyant celuy qui eſtoit venu de la part de Ciaxare ; avoit promis de ne conſentir jamais à ce Mariage là : & de faire toutes choſes poſſibles, pour ſe mettre en eſtat de pouvoir renvoyer la Princeſſe de Capadoce au Roy ſon Pere. Et en effet, ſi Mazare ne l’euſt amuſée d’eſperance, en luy perſuadant qu’il faloit employer pluſtost l’artifice que la force, pour retirer cette Princeſſe, des mains du Prince ſon Fils ; elle auroit armé toute l’Aſſirie contre luy.

Cependant nous eſtions dans Opis, traitée comme je l’ay deſia dit, avec toute la civilité poſſible : quoy que le Prince d’Aſſirie le fuſt de la Princeſſe Mandane, avec toute la rigueur imaginable. Car non ſeulement elle ne luy diſoit rien qui luy peuſt plaire ; mais meſme elle ne luy vouloit rien dire du tout : & quelquefois auſſi, ne vouloit pas ſeulement ſouffrir ſa veuë. Philidaſpe neantmoins n’oublioit rien pour la fléchir : & comme il le sçavoit