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point Eſtrangere pour luy ; puis que le Royaume où elle eſtoit née, luy apartenoit legitimement. Il envoya donc vers le Gouverneur d’une Ville, qui eſt à huit journées de Babilone, qui s’apelle Iſſus, & qui eſt ſcituée ſur une riviere qui porte ſon Nom, afin de le ſuborner, & de l’obliger à vouloir luy eſtre fidelle. Mais pendant que cela ſe tramoit, vous viſtes tout ce qui ſe paſſa à l’Armée & à la Cour, entre ces deux illuſtres Rivaux : & je n’ay plus rien à vous dire, juſques apres les deux Batailles qu’Artamene gagna en un meſme jour : à l’une deſquelles, comme vous sçavez, il prit le Roy de Pont priſonnier ; & en ſuite dequoy, tout le monde le creut mort. Mais en cét endroit je vous diray, que Feraulas devant qui je parle, haſta peut-eſtre de quelques mois l’execution du premier deſſein d’enlever la Princeſſe Mandane. Moy ! aimable Marteſie, interrompit Feraulas, Vous meſme, luy reſpondit elle, car lors que vous creuſtes que voſtre Maiſtre eſtoit mort, dans la violence de voſtre douleur, vous ne puſtes vous empeſcher parlant de la perte d’Artamene, de vous eſcrier en preſence de Philidaſpe, Ha ! pauvre Prince, faut il qu’une ſi belle vie ait ſi peu duré ! Il m’a dit depuis à Babilone, qu’alors il vous arreſta, & vous demanda s’il eſtoit vray que voſtre Maiſtre fuſt de cette condition ? & que vous aviez feint que l’excés de voſtre deſplasir vous avoit fait dire une parole pour une autre. Mais que cela n’avoit pas empeſché qu’il ne luy fuſt demeuré de violons ſoubçons dans l’eſprit, que la choſe eſtoit comme vous l’aviez dite ſans y penſer. Il eſt vray, repliqua Feraulas en rougiſſant, que je me ſouviens d’avoir fait cette faute : & plus vray encore, que dans l’extréme douleur où j’eſtois