Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/358

Cette page n’a pas encore été corrigée

viens de dire, que parce que les loix d’Aſſirie & de Capadoce, s’opoſoient à ce Mariage. Il creut donc qu’il faloit ſeulement taſcher de ſe mettre aſſez bien dans l’eſprit de la Princeſſe, pour obtenir ſon pardon, quand il l’auroit enlevée, comme il en avoit le deſſein : Mais pour l’executer, il creut qu’il faloit gagner Aribée abſolument : & comme il avoit remarqué en pluſieurs converſations particulieres, qu’il avoit une paſſion tres forte pour la Nation Aſſirienne ; & qu’il euſt preſque ſouhaité que la Capadoce euſt encore veſcu ſous ſes anciens Maiſtres ; il ſe deſcouvrit à luy : & luy fit comprendre qu’en le favoriſant dans ſon entrepriſe, il ne pouvoit jamais trouver une plus innocente voye, de remettre la Capadoce ſous la puiſſance des Rois d’Aſſirie. Vous pouvez juger par tout ce que vous avez veû faire depuis à Aribée, qu’il eſcouta cette propoſition, qu’il y conſentit : & qu’il promit à Philidaſpe de le ſervir en toutes choſes. Ce Prince ſe deſcouvrit à luy, un peu apres la priſe de Ceraſie : & ils reſolurent que Philidaſpe s’aſſureroit d’une place ſorte en Aſſirie, pour ſa retraite, lors qu’il auroit enlevé la Princeſſe Mandane : n’oſant pas ſonger de la mener à la Cour de la Reine Nitocris, veû la maniere dont il s’eſtoit ſeparé d’avec elle, & la cauſe de ſon exil. Mais comme il faloit du temps pour cela, il falut qu’il ſe donnaſt patience, & qu’il differaſt l’execution de ſon deſſein. Cependant il en eſperoit un heureux ſuccés : car il croyoit que lors qu’il auroit enlevé la Princeſſe Mandane, la Reine Nitocris authoriſeroit une choſe, qui joignoit trois Royaumes à l’Aſſirie : & une choſe où la loy pouvoit meſme recevoir quelque explication favorable : diſant que la Princeſſe de Capadoce n’eſtoit