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pour commencer de vous aprendre qu’il y a quelque difference entre moy & vous, je vous commande de vous retirer, & de ne me voir jamais : ſi vous ne voulez vous expoſer à eſtre mal traité. Ha Seigneur, repliqua Intapherne, les perſonnes de ma condition, ne le doivent point eſtre par celles de la voſtre : Je ne sçay pas ſi elles le doivent eſtre, reſpondit le Prince d’Aſſirie, mais je sçay bien que ſi Imapherne ne m’obeït, & meſme ſans murmurer, j’en donneray un exemple aux Princes qui me ſuivront. Ouy Seigneur, reſpondit Intapherne en ſe retirant, je vous obeïray : mais ce ſera bien plus par le reſpect que je porte au fils de la Reine Nitocris, que par la crainte d’eſtre mal traité : puis qu’apres tout, les Princes qui ont le cœur d’Imapherne, ſont bien aſſurez que perſonne ne leur fera jamais d’outrages impunément. Le Prince d’Aſſirie par bonne fortune, n’entendit pas ces dernieres paroles : & il n’y eut que Mazare qui les oüit, en ſe r’aprochant du Prince, mais il ne les redit pas. Au partie de là, Intapherne fut demander ſon congé à la Reine, qui le luy refuſa : la Princeſſe Iſtrine de ſon coſté, infiniment offenſée du mauvais traitement que ſon Frere avoit reçeu à ſa conſideration, ſuplia auſſi Nitocris de la renvoyer chez ſon Pere : mais la Reine la refuſa auſſi bien qu’Intapherne : leur diſant touſjours que le Prince ſon fils changeroit d’humeur avec le temps : & qu’elle y donneroit ordre. Cependant elle eſtoit en une colere extréme contre luy, & ne pouvoit s’empeſcher de le teſmoigner : de ſorte que le Prince l’ayant sçeu, & celuy qui eſtoit allé en Phrigie, ayant raporté les Articles de la paix ſignez, il prit la reſolution de quitter la Cour d’Aſſirie : afin de ſe delivrer de la perſecution qu’il diſoit ſouffrir : &