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Nitocris, & Celle de la Princeſſe Iſtrine fille de Gadate, que celle de la Princeſſe Mandane. Je ne doute pas que vous ne ſoyez ſurpris, de m’entendre parler ſi preciſément des affaires d’Aſſirie, & des ſentimens particuliers de deux Princes qui ont le plus de part à cette Hiſtoire : mais à la fin de mon recit je vous aprendray par quelle voye je n’ay pas ignoré ce que je m’en vay vous dire, Vous sçavez ſans doute que c’eſtoit à la Reine Nitocris qu’apartenoit le Royaume d’Aſſirie, & que c’eſtoit par cette raiſon que le Prince ſon fus ne portoit pas la qualité de Roy, bien que le Roy ſon Pere fuſt mort. Cette Grande Princeſſe eſtoit effectivement deſcendüe en droite ligne, des premiers Rois d’Aſſirie : & depuis le Grand Roy Ninus, & la fameuſe Semiramis, il n’y a peut-eſtre pas eu une Princeſſe plus illuſtre que celle là. Le Roy ſon Pere mourut qu’elle eſtoit encore fort jeune : & elle porta la Couronne en un âge, où toute autre qu’elle, n’auroit pas eu la force de la ſoutenir. Cependant tous les Aſſiriens tombent d’accord, que l’on n’a jamais veû tant de ſagesse & tant de prudence, qu’elle en teſmoigna en toutes ſes actions. Neantmoins quoy que ſa raiſon fuſt fort avancée, il y avoit pourtant un Conſeil compoſé des plus excellens nommes de la Monarchie, qui conduiſoient les affaires, en attendant que l’âge peuſt donner une légitime authorité aux volontez de cette Princeſſe. Mais comme par les loix fondamentales de l’Eſtat, elle ne pouvoit eſpouser de Prince Eſtranger ; tout ce qu’il y avoit de Princes Aſſiriens eſtoient alors à Babilone : & j’ay entendu dire que cette Cour eſtoit la plus magnifique choſe du monde en ce temps là. Comme cette Princeſſe eſtoit fort belle, & qu’elle portoit la