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de parler de cette ſorte : & vous la ferez meſme encore davantage, adjouſta Chriſante, ſi vous voulez nous raconter tout ce qui vous eſt arrivé depuis noſtre départ de Themiſcire : & ſi vous voulez enfin nous bien aprendre par quelle voye Philidaſpe fit reüſſir ſon deſſein. Pourquoy eſtant Prince d’Aſſirie, il ne paroiſſoit que Philidaſpe : comment il traita la Princeſſe, apres l’avoir enlevée : comment Mazare en devint amoureux : comment ce Prince la trompa pour l’enlever : comment vous fiſt es naufrage : comment vous en eſtes échapées : & comment la Princeſſe n’eſt pas libre : car je vous advoüe que ce dernier evenement eſt incomprehenſible, & met toute la Cour en Trouble. Tout le monde ne peut imaginer, qui peut eſtre celuy qui n’a ſauvé la Princeſſe que pour la perdre : & perſonne ne peut concevoir quel eſt ce Roy dont elle parle, & que pourtant elle ne nomme point, dans le Billet que l’on a reçeu d’elle. Ainſi aimable Marteſie, je vous conjure par l’illuſtre Nom de la Princeſſe Mandane, & par celuy d’Artamene, de nous dire bien exactement tout ce que vous sçavez & du Roy d’Aſſirie, & du Prince des Saces, & de ce Roy que nous ne pouvons deviner. Vous me demandez tant de choſes, dit elle en me demandant cela, que je ne sçay pas trop bien ſi je pourray vous contenter en un ſeul jour : j’abregeray pourtant mon diſcours le plus que je pourray. Ce n’eſt pas ce que nous vouions, repliqua Feraulas, au contraire, nous vous demandons en grace, de ne nous dérober pas un ſeul des ſentimens de la Princeſſe : car enfin Artamene * beſoin de conſolation : & nous ne luy en sçaurions donner de plus grande, que celle de luy faire sçavoir tout ce qui eſt advenu à la Princeſſe