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de deux Perſonnes, de qui l’eſtat preſent de leur fortune, paroiſſoit eſtre ſi diſſemblable ; il faut sçavoir que ce jour là meſme, preciſément à midy ; un homme qui avoit autrefois ſervy Andramias, & qui de puis par diverſes advantures, avoit eſté donné à Artamene ; avoit fait le voyage de Scithie aveque luy ; eſtoit retenu en Capadoce avec ſon dernier Maiſtre ; & avoit eſté envoyé par luy vers Artaxe, qui commandoit les Troupes que l’on avoit données au Roy de Pont ; arriva au Chaſteau de Sinope, & demanda à parler à ſon ancien Maiſtre. Aglatidas ſe trouvant alors avec Andramias, ce dernier ne laiſſa pourtant pas de commander que l’on fiſt entrer cet homme. que d’abord il ne reconnut point : mais il ne l’eut pas plus toſt entendu parler, que le ſon de ſa voix le fit reconnoiſtre. Andramias luy tendit la main, & luy demanda s’il pouvoit faire quelque choſe pour luy ? Ouy Seigneur, luy reſpondit il, car je ne doute point que ſi vous me faites la grace de me faire parler au genereux Artamene ; je ne doute point, dis-je, qu’une nouvelle qu’il pourra donner au Roy par mon moyen, ne luy faſſe obtenir ſa liberté. Andramias ne sçachant ce que cét homme pouvoit avoir à dire de ſi important, ſe mit à le preſſer de le luy aprendre : & de luy dire auſſi pourquoy il eſtoit ſi affectionné à Artamene ? Car Andramias eut quelque peur d’eſtre ſurpris ; & craignit que ce ne fuſt une adreſſe du Roy, pour eſſayer ſa fidelité. Et alors Ortalque (cét homme ſe nommoit ainſi) luy aprit qu’il avoit ſervy Artamene au voyage des Maſſagettes : & luy preſenta un morceau de Tablettes rompües, ſur lequel il vit ces paroles eſcrites, ſans sçavoit ny à qui elles s’adreſſoient, ny qui les avoit tracées. Dis que je ſuis vivante : que ſon m’emmene en l’une