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le Roy d’Hircanie, qu’on le doive faire legerement ; & le principal eſt, de mettre les choies en eſtat de ne hazarder rien : & de gagner de telle ſorte le cœur des Capitaines & des Soldats, auparavant que de rien deſcouvrir à Ciaxare ; que l’on ne doive plus rien craindre, en luy parlant pour Artamene. Tous ces Princes aprouvant ce que le Roy d’Hircanie avoit dit, aſſurerent Hidaſpe, Aduſius, Chriſante, & Feraulas, qu’ils periroient pluſtost, que de laiſſer perir leur Maiſtre : & qu’ils n’oublieroient rien de tout ce qui luy pourroit eſtre utile. Thraſibule eſtoit au deſespoir, de ne pouvoir ſervir que de ſa perſonne : & de n’avoir que ſon propre courage dont il peuſt reſpondre. Comme ils en eſtoient là, Gobrias, Gadate, Thimocrate, & Philocles arriverent : ils n’avoient pas eſté preſents au diſcours de Chriſante & de Feraulas, parce qu’auſſi toſt que Ciaxare avoit eſté arrivé à Sinope, ils eſtoient retournez au Camp, & n’avoient pas logé dans la Ville. Mais comme ils n’eſtoient pas moins affectionnez à leur Maiſtre, que tous ces autres Princes ; Feraulas dit au Roy d’Hircanie qu’il faloit les engager dans le Party d’Artamene. A ce Nom d’Artamene, Gobrias demanda dequoy il s’agiſſoit ? & Gadate impatient, dit que s’il faloit mourir pour ſon ſervice, il eſtoit preſt de le faire. Thimocrate & Philocles ne parurent pas moins empreſſez : de ſorte que le Roy d’Hircanie reprenant la parole, leur fit entendre qu’il ne faloit faire autre choſe, que ſe tenir preſts de ſauver Artamene, ſi l’on entreprenoit de le vouloir perdre. A ces mots, tous ces Princes jurerent ſolemnellement, de ſe joindre, & de prendre les armes pour ſon falut, toutes les fois qu’il en ſeroit beſoin. Ils en eſtoient en