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Mazare en avoit tous les ſoing s poſſibles : & qu’il adouciſſoit autant qu’il pouvoit, l’humeur violente du Roy d’Aſſirie. Enfin apres m’eſtre bien conſulté ſur ce que j’avois à faire, je fus un ſoir chez Artucas, qui ne fut pas peu ſurpris de me voir : apres les premiers complimens, l’ayant entretenu en particulier, je luy fis comprendre qu’il eſtoit engagé dans un mauvais Party : non ſeulement parce qu’il eſtoit injuſte, mais encore parce qu’il eſtoit deſtruit. En un mot, je luy dis tant de choſes, que je le rendis capable de prendre la reſolution de tromper Aribée, afin d’eſtre fidelle à ſon Roy. Nous convinſmes donc, qu’il livreroit la Porte du coſté du Temple de Mars : preciſément au jour & à l’heure que je luy marquay. De ſorte qu’eſtant ſorty de Sinope, & eſtant retourné au Camp, je donnay une joye à mon Maiſtre qui n’eut jamais de ſemblable. Vous sçavez, Seigneur (pourſuivit Feraulas, adreſſant la parole au Roy d’Hircanie) que la reſolution fut priſe, qu’Artamene viendroit avec quatre mille hommes ſeulement, afin de ſurprendre Sinope : & que Ciaxare ſuivroit le lendemain avec toute l’Armée. Mais mon Maiſtre s’eſtant avancé pour executer cette importante entrepriſe, vit au ſortir d’un Vallon tournoyant, que la Ville qu’il penſoit venir ſurprendre eſtoit toute enflamée : & il creut que la Princeſſe y avoit pery. Vous avez sçeu comment au lieu de deſtruire Sinope, nous ſauvasmes le peu qui en reſte : comment nous eſtaignismes le feu ; comment Aribée combatit ; comment il penſa eſtre accablé ; & comment eſtant arrivez au pied de la Tour du Chaſteau, le genereux Thraſibule que vous voyez, en ouvrit la porte : & dit à mon Maiſtre qu’il y avoit en ce lieu là une illuſtre Perfonne, qui avoit beſoing de ſecours. Vous n’ignorez