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à Artamene de remettre ſon Eſtat ſous ſon pouvoir : comme en effet, il le fit peu de jours apres : & la Princeſſe Arpaſie ſa Fille, qui eſt une des plus belles Perſonnes du monde, reçeut Artamene magnifiquement, par le commandement de ſon Pere, dans une forte Place qui luy apartient ; & dont Artamene le fit pourtant laiſſer en poſſession. Mais. Seigneur, ce n’eſt pas icy où je me dois arreſter, quoy qu’il y euſt de belles choſes à dire : ce fut encore en ce meſme temps, que le ſage Gobrias engagea Gadate dans le party de Ciaxare : neantmoins ſans m’arreſter à rien qu’à ce qui regarde directement Artamene ; je ne vous diray point non plus, comment le Roy d’Affiné ayant donné un juſte ſujet au vaillant Roy d’Hircanie, & au Prince des Caduſiens de quitter ſon Party ; ces deux Princes ſe rangerent de celuy de Ciaxare, ou pluſtost de celuy d’Artamene : eſtant certain que la reputation de mon Maiſtre, fut la plus puiſſante raiſon qui obligea tous ces Grands Princes à ſe fier en ſa parole. je ne vous diray point que le Roy de Chipre luy envoya auſſi des Troupes, ſous la conduite de Thimocrate & de Philocles :

Mais je vous diray donc ſeulement, que les deux Armées eſtant en preſence, & le jour de Bataille eſtant venu, Artamene fit tout ce qu’il faloit faire, pour preparer ſes Troupes à vaincre. Il les loüa, il les flata ; & il leur commanda de le ſuivre d’un air il imperieux, & ſi obligeant tout enſemble ; qu’il n’y eut pas un Soldat qui n’euſt envie de luy obeïr. En effet, quand ces deux grandes Armées furent hors de leurs Retranchemens, & que de part & d’autre les Chariots armez, les Rondeliers, les Archers, les tireurs de Fondes, les Piquiers, & ceux qui lancent des Javelots, ou qui ſe ſervent de l’Eſpée ſeule,