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qui n’eſtoit pas revoltée ; vous trouverez que noſtre Armée eſtoit ſans doute aſſez belle. Elle n’eſtoit pourtant pas ſi forte que celle du Roy d’Affiné : puis qu’elle n’eſtoit que de vingt cinq mille chevaux, & de cent mille hommes de pied, ſans aucuns Chariots armez. Bien eſt il vray que l’on peut conter pour quelque choſe d’avantageux, d’avoir trente mille hommes d’Infanterie Perſienne, & dix mille de Cavalerie Medoiſe. Auſſi mon Maiſtre ne parut il point eſtonné de cette ineſgalité, ny de ce grand nombre de Rois qu’il avoit à combattre : au contraire reprenant un nouveau cœur, en une occaſion ſi importante, & qui luy pouvoit eſtre ſi glorieuſe ; quoy que la captivité de ſa Princeſſe l’affligeaſt infiniment, neantmoins l’eſperance qu’il avoit de l’aller delivrer, ou du moins mourir pour elle, faiſoit que plus aiſément il devenoit Maiſtre de ſon chagrin, en renfermant une partie dans ſon ame. Et quoy qu’il ne fuſt pas encore connu des Medes, ſa reputation, ſa bonne mine, ſa douceur, ſa couttoiſie, & ſa liberalité, luy aquirent bien-toſt un ſi grand credit parmy eux, qu’il en eſtoit adoré. Ce fut en ce temps là, que commença l’amitié qu’il eut pour Araſpe, & celle qu’Aglatidas eut pour luy : Mais j’avois oublié de vous dire, qu’Harpage qui avoit touſjours demeuré en Perſe, depuis le départ de Cyrus, voulant revenir en ſon Païs, ſe ſervit de cette occaſion, apres la mort d’Aſtiage qui l’avoit exilé : & revint en Medie avec Hidaſpe, qui fit ſa paix aupres de Ciaxare, à la recommandation de la Reine de Perſe : ſans qu’il reconnuſt non plus Cyrus, que les Perſans le connurent. Enfin pour abreger un diſcours qui ſembleroit trop long, à tant d’illuſtres Perſonnes