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dit, pour le ſoliciter de ſe joindre à ſon Armée ; luy repreſentant que les Perſans & les Medes, eſtoient deux Nations qui eſtant jointes, pouvoient aſpirer à la domination univerſelle de toute l’Aſie : que de plus, il y avoit touſjours eu Alliance entre les Rois de Lydie & ceux d’Affine : qu’ainſi luy demandant du ſecours, en une occaſion où il s’agiſſoit en effet de la cauſe commune. quoy qu’en aparence la guerre ne ſe fiſt que pour l’enlevement de la Princeſſe Mandane, il ne devoit pas le luy refuſer. Qu’au reſte, la conſideration des droits du Sang, ne le devoit point arreſter : puis que s’il faiſoit la guerre contre Ciaxare, il la ſeroit auſſi pour Mandane : qu’il n’avoit enlevée qu’avec intention de luy mettre la Couronne d’Affine ſur la teſte. Enfin tout le monde sçait, que Creſus Ce laiſſa perſuader : Ainſi Artamene aprit que ſon Ennemy avoit de ſon party ; les Saces ; les Hircaniens ; les Arrabes ; ceux de la baſſe & haute Phrigie ; les Lydiens ; une partie des Capadociens ; quelques Peuples des Indiens ; les Paphlagoniens ; les Siriens ; & les Aſſiriens. Nous sçeuſmes encore, qu’il avoit voulu engager ceux de la Carie dans ſa cauſe, & qu’ils l’avoient refuſé :

Cependant le Roy de Perſe ſolicité puiſſamment par la Reine ſa femme, Sœur de Ciaxare, choiſit deux cens Homotimes (ce ſont les plus Nobles d’entre les Perſans) & à chacun de ces deux cens hommes, il donna permiſſion d’en prendre quatre autres de meſme qualité : de ſorte que de cette façon, ce furent mille Homotimes. En fuite dequoy, Cambiſe ordonna que chacun de ces mille levaſt parmy le Peuple dix Rondeliers, dix Archers, & dix jetteurs de Fondes : ſi bien que cela faiſoit trente mille hommes ſans les Homotimes : mais trente mille hommes choiſis,