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Artamene, qu’il ne pût s’empescher de le supplier de luy bien expliquer cét enigme : & il l’en pria en des termes si pressans, & si pleins de soumission ; que mon Maistre luy promit de le faire : mais comme il estoit blessé au bras, il falut s’en retourner ou Camp, pour l’aller faire penser. La difficulté estoit de le pouvoir, sans que l’on s’en aperçeust : & n’estant pas possible, Artamene dit à Indathirse qu’il ne se mist pas en peine : & que de peur que Thomiris ne le maltraitast & ne le bannist, il diroit que c’estoit luy qui l’avoit attaqué. Vous estes donc si bien avec elle, luy respondit Indathirse, que vous ne craignez pas sa colere ? Dites plustost, repliqua Artamene en sous-riant, que sa colere m’est si peu redoutable, que je ne crains pas de m’y exposer. Cependant, Seigneur, jugez quelle fut la surprise de ceux qu’ils avoient laissez aupres de leurs chevaux, lors qu’ils les virent revenir, & qu’ils connurent par le sang que perdoit Indathirse qu’ils s’estoient batus. Ce qui les embarrassoit davantage, cestoit qu’ils voyoient qu’ils paroissoient estre mieux ensemble, que quand il les avoient quittez : & en effet Indathirse & Artamene s’aimerent tousjours cherement depuis cela. Mon Maistre donc pour tenir sa parole, apres qu’il eut mis Indathirse dans son Pavillon, envoya Chrisante vers la Reine, pour luy demander pardon d’un combat qu’il avoit fait contre Indathirse : qu’il advoüoit mesme l’avoir fait un peu legerement : & que c’estoit aussi pour cette raison, qu’il demandoit le pardon d’Indathirse aussi bien que le sien. Thomiris fut estranggement surprise de ce combat, & ne sçavoit à quoy en attribuer la cause : & Aripithe qui s’estoit separé mal d’avec Indathirse, estoit bien