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quand j’arrivay icy, que vous estiez amoureux de la Reine : & que vous & le Prince des Sauromates estiez possedez d’une mesme passion. Vous avez donc sçeu ce que vous dites, repliqua Indathirse, auparavant que de voir Thomiris ? Il est vray, respondit mon Maistre : & pourquoy donc, adjousta Indathirse, n’avez vous pas deffendu vostre cœur contre les charmes ? Et pourquoy quoy faisant profession de generosité comme vous faites, avez vous voulu desobliger deux Princes, qui vous ont reçeu avec toute la civilité possible ? Car, adjousta Indathirse, je sçay de certitude que la Reine vous aime ; & je juge dés là que vous l’aimez : car enfin cette Princesse ne m’a point refusé son affection opiniastrément durant un an, pour l’accorder à un homme qui ne la luy auroit pas demandée, & qui ne seroit pas amoureux d’elle. j’advoüe, respondit froidement Artamene, que ce que vous me dites me surprend plus que je ne pensois : mais comme je ne suis guere accoustumé de donner des esclaircissemens de cette nature, à ceux qui se pleignent de moy, & qui me parlent de l’air dont je voy que vous me parlez : je ne puis vous dire autre chose, sinon que j’ay trop de respect pour la Reine, pour la soubçonner de la foiblesse dont vous l’accusez : & qu’en mon particulier, si j’ay voulu aporter quelque obstacle à vostre affection, je n’ay rien fait que je ne deusse faire. Quoy ? reprit Indathirse, vous ne me direz pas plus precisément si vous aimez la Reine ; si la Reine vous aime ; & si ce que vous avez à faire à la Cour finira bien tost ? je n’ay rien à vous dire, repliqua mon Maistre, sinon encore une fois, que je n’ay rien fait que ce que j’ay deû faire : & que si par malheur vous n’en estes pas content, vous n’avez qu’à chercher les voyes de vous satisfaire