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de deux ou trois des siens : y monta aussi, suivy d’un nombre esgal de ses gens ; & vint chercher mon Maistre le long de cette riviere où il estoit si souvent. Aussi tost qu’Artamene le vit, il fut au devant de luy : & l’abordant avec civilité, je suis plus heureux que je ne pensois, luy dit il, puis que ne croyant trouver à ma promenade, que la solitude à m’entretenir, j’y trouve encore une conversation agreable. Indathirse respondit aussi devant ceux qui accompagnoient mon Maistre assez civilement : & s’estant joints, & ayant commencé de marcher, Indathirse proposa à Artamene de se promener à pied : ce que mon Maistre ayant bien voulu, ils baillerent leurs chevaux à leurs Gens, & commencerent de marcher seuls, le long de cette riviere. Ils ne furent pas plustost descendus, & un peu esloignez des leurs ; qu’Indathirse regardant Attamene, je ne sçay, luy dit il, si le discours que j’ay à vous faire vous surprendra : mais je sçay bien qu’il ne vous peut jamais tant surprendre, que la chose dont j’ay à vous parler m’a surpris. le n’ay garde, repliqua mon Maistre, de sçavoir si je seray surpris de ce que vous avez à me dire puis que je l’ignore : mais je puis seulement vous assurer, que je n’ay guere accoustumé de l’estre pour les evenemens fâcheux : me preparant tousjours à recevoir la mauvaise fortune d’un esprit assez tranquile. Ce que j’ay à vous dire, reprit Indathirse, n’est pas une chose de cette nature : mais avant que je m’explique davantage, dites moy je vous prie : si en arrivant parmy les Massagettes, vous n’avez point entendu dire la raison pour laquelle j’estois à la Cour de Thomiris ? Comme je suis fort sincere, reprit Artamene, je vous advoüeray que l’on m’assura