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pour cette eſpece d’employ : je puis aſſurer voſtre Majeſté, que j’en ay pour le moins autant que de courage : & que ſi je ne ſuis pas auſſi heureux en ma negociation, que je l’ay eſté à la guerre ; ce ſera Madame, que voſtre Majeſté ne l’aura pas voulu : & ce ne ſera ſans doute jamais par ma faute. Non, Madame, pourſuivit il, je n’oublieray rien pour taſcher de ſatisfaire le Roy qui m’envoye : & ſi je ne le puis, je m’en retourneray avec beaucoup de douleur : mais du moins n’auray-je rien dans l’eſprit qui me reproche nulle infidelité, ny nulle negligence. Vous ne m’avez pourtant pas encore dit (repliqua Thomiris, avec beaucoup d’eſmotion) le veritable ſujet qui vous amene en cette Cour : & ce n’a eſté que par le raport de Terez, que j’en ay sçeu quelque choſe. Ce que vous me reprochez comme un crime, Madame, reſpondu mon Maiſtre, à eſté un effet de mon reſpect ; & ſi je l’oſe dire, de mon adreſſe : Car, Madame, je n’ay pas creu qu’il faluſt commettre legerement l’honneur du Prince que je ſers : ny expoſer auſſi voſtre Majeſté, à deſobliger ouvertement un Grand Roy, ſi elle n’agreoit pas ma propoſition. j’eſpere toutefois, luy dit il encore, qu’elle en uſera autrement : & que malgré tout ce que l’on m’a dit, je ſeray auſſi heureux en negociation, que je l’ay eſté à la guerre. Non Artamene, ne vous y trompez pas, reſpondit la Reine, ce que vous avez propoſé ne sçauroit reüſſir ; & vous y avez mis un obſtacle invincible. Moy, Madame ! interrompit mon Maiſtre ; Vous meſme, reſpondit Thomiris ; c’eſt pourquoy ne vous pleignez pas, ſi Ciaxare n’eſt point ſatisfait. Je vous advouë, Madame, reſpondit ce Prince, que je ne vous comprens pas : Vous m’entendez bien Artamene (