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d’autres, qui ne seroient pas indignes de vous. Pour moy, repliqua la Reine, je suis peut-estre de vostre sentiment en une chose : car vous aimeriez mieux obeïr en Capadoce que regner icy : & moy j’aimerois mieux tout de mesme obeïr icy, que regner en Capadoce. Peut-estre, Madame, repliqua mon Maistre, ne diriez vous pas la mesme chose de Medie, si vous y aviez esté : & les superbes Palais d’Ecbatane, sont si je ne me trompe, preferables à vos plus magnifiques Tentes. Non Artamene, reprit elle, toute la magnificence d’Ecbatane, ne touchera jamais mon esprit : je cherche des vertus solides, & non pas des Throsnes esclattans, & vous estes vous mesme trop raisonnable, pour n’estre pas de mon sentiment. Aussi suis-je persuadée, adjousta-t’elle, qu’encore que nous n’ayons ny Palais, ny Villes, si vous trouviez parmy nous une Princesse illustre en toutes choses, vous la prefereriez à celle qui seroit sur le Throsne mesme d’Assirie, si elle ne l’estoit pas. J’en connoy sans doute, Madame, respondit Artamene, que j’estimerois plus dans les fers, que beaucoup d’autres qui portent des Couronnes : Mais, Madame, lors que je vous parle du Throsne de Medie, je ne suis pas en cette peine là : puis que le Prince qui est destiné à y monter, a beaucoup de bônes qualitez & de grandes vertus. Il a du moins bien sçeu choisir, respondit Thomiris, lors qu’il vous a donné ses Armées à commander : Mais je doute, adjousta-t’elle, s’il a esté esgalement judicieux, de faire un Ambassadeur, d’un illustre Conquerant : puis qu’à mon advis, ce sont des qualitez differentes, que celles qui sont necessaires pour ces deux emplois. Si la fidelité (respondit Artamene fort embarrassé) est une des plus essencielles,