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fit elle tout ce qui luy fut possible, pour l’empescher de s’ennuyer aupres d’elle : car elle luy fit voir toute la magnificence des Massagettes, & tous leurs plaisirs. Elle le mena à la Chasse ; elle fit faire des courses de chevaux, où il signala son adresse ; elle luy fit mesme voir une espece de Dance Scithique, où ceux qui la font habillez comme les veritables Scithes, de magnifiques fourrures de diverses sortes : & dont Pharmome, quoy qu’un peu sauvage, ne laisse pas de plaire extrémement. Elle luy fit voir encore, des combats & des victoires non sanglantes : enfin elle n’oublia rien de tout ce qui pouvoit le divertir. Il vit mesme un de leurs Sacrifices : & il eut la satisfaction de voir que MITRA le Dieu des Persans, quoy que sous un autre Nom, estoit aussi le Dieu des Scithes & des Massagettes ; & mesme plus particulierement qu’à nous : car ils ne sacrifient jamais qu’au Soleil, que nous appelions ainsi ; & ne luy immollent que des chevaux : trouvant, disent-ils, qu’il est juste de sacrifier au plus Grand, & au plus viste de tous les Dieux, le plus noble & le plus viste de tous les animaux. Thomiris vivant donc de cette sorte avec mon Maistre, il estoit carressé de toute la Cour : & selon les aparences, il devoit bien tost estre en estat d’obtenir tout ce qu’il demanderoit. Il remarquoit bien que Thomiris avoit pour luy toute la complaisance imaginable, & nous voyons bien Chrisante & moy qu’elle l’estimoit infiniment : mais nous ne prevoiyons pas que ce qui en aparence devoit avancer les desseins d’Artamene, les reculeroit en effet.

Mon Maistre ayant enfin commencé de parler à Terez, des affaires qui regardoient ces Pyrates de la Mer Caspie : Terez parles