Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

dit, s’apelloit Indathirse, & l’autre Aripithe, & qui estoient tous deux amoureux de Thomiris : voyant avec quelle civilité extraordinaire elle avoit reçeu mon Maistre, le vinrent voir le lendemain. Il leur rendit leur visite un jour apres ; & il trouva que ces deux Scithes estoient fort honnestes gens ; principalement Indathirse Prince des Tauroscithes, & neveu du fameux Anacharsis. Aripithe avoit aussi de l’esprit : mais il estoit un peu soubçonneux & violent : au lieu qu’Indathirse n’avoit rien qui ne sentist la douceur Asiatique ; & rien du tout de sauvage ny de rude. L’un & l’autre de ces Princes parloit la langue Assirienne, aussi bien que Thomiris : ainsi ils purent faire conversation avec mon Maistre : qui d’abord les ravit & les charma de telle sorte, qu’ils le regarderent comme un Dieu : tant sa façon d’agir, sa maniere de parler, sa douceur, sa bonne mine, & sa beauté, leur donnerent d’admiration. La Reine de son costé, en avoit esté tres satisfaite : & en avoit parlé en des termes si avantageux, qu’il n’y avoit pas lieu de douter, que mon Maistre n eust puissamment confirmé par sa presence, la bonne opinion qu’elle avoit desja de luy. Car nous sçeusmes qu’elle avoit dit ces propres paroles, parlant de la beauté & de la bonne mine d’Artamene ; Il faut sans doute, disoit elle, que ces Peuples qui moins raionnables que nous qui n’adorons que le Soleil, & qui se sont advisez de donner des figures à leurs Dieux, ou d’adorer dorer des hommes ; en eussent veû qui ressembloient Artamene. Car il est certain qu’il à quelque chose de Grand & de Divin, qui donne de l’admiration & du respect, en donnant de l’amitié. Enfin, Seigneur, durant les premiers jours que nous fusmes en ce Païs là, l’on peut dire que