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comme je ne me souviens point d’avoir veû de Massagettes, ny à la Cour de Capadoce, ny à l’Armée de Ciaxare : je ne puis m’imaginer, par quelle voye vous sçavez une partie de ce qui s’y passe. Il paroist toutefois assez, adjousta-t’il, que vostre Majesté n’en est pas informée bien precisément : puis qu’elle me donne une gloire, qui apartient toute au Roy mon Maistre ; de qui les Armes ont sans doute esté heureuses entre mes mains : mais qui l’auroient autant esté, en celles de tout autre que de moy. Je ne m’arresteray point, Seigneur, à vous redire toute cette conversation ; qui fut beaucoup plus longue, que n’ont accoustumé de l’estre celles des premieres Audiences. La Reine assura mon Maistre en le congediant, qu’il auroit toute la satisfaction qu’il pouvoit esperer de son voyage : & qu’elle contenteroit Ciaxare, en toutes les choses ou elle le pourroit faire raisonnablement. Artamene se retira donc tres satisfait de Thomiris, & fort estonné de trouver si près des Scithes, des Peuples si magnifiques, si civilisez, & si pleins d’esprit. Nous sçeusmes apres que Thomiris avoit cette coustume, d’envoyer diverses personnes, chez tous les Princes Estrangers, qui sans estre connus, luy rendoient compte de temps en temps, de tout ce qui se passoit par toute l’Asie : Et d’autant plus, que la Politique de toutes les deux Scithies & des Massagettes qui les imitent en cela ; est de faire des invasions, lors que l’on y pense le moins : & c’est pour cét effet qu’ils taschent de sçavoir precisément tout ce qui se passe chez tous les Peuples dont ils ont connoissance ; afin de s’empescher d’estre surpris, & de surprendre les autres.

Cependant ces deux Princes Estrangers qui estoient dans cette Cour, donc l’un, comme je l’ay déja