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ce que nous rencontrasmes, ne nous fit voir que magnificence. Nous sçeusmes en allant, que le Fils de la Reine appellé Spargapise, n’estoit pas alors aupres d’elle : & qu’il estoit allé, accompagné d’Ariante Frere de Thomiris, vers ces Provinces qui regardent le Mont Imaüs, qui comme vous sçavez partage les deux Scithies. Certe absence n’empescha pas que nous ne trouvassions la Cour extrémement grosse : car comme Spargapise n’avoit que quinze ans, & qu’Ariante n’avoit point d’authorité en ce païs là, tout le monde s’attachoit à la Reine, qui depuis fort long temps gouvernoit toutes choses : & qui en effet a de tres grandes qualitez, quoy qu’elle en ait aussi quelques unes qu’il seroit à souhaitter qu’elle n’eust pas. Nous sçeusmes encore qu’il y avoit deux Princes Estrangers dans cette Cour : l’un Prince des Tauroscites apellé Indathirse, & neveu d’un fameux Scithe qui se nomme Anacharsis, qui estoit alors en voyage : & dont en mon particulier, l’avois fort entendu parler en Grece, du temps que nous estions à Corinthe. Pour l’autre qui s’apelle Aripithe, il est Prince des Sauromates : de sorte qu’à ce que nous sçeusmes, ces deux Estrangers rendoient la Cour de Thomiris encore plus belle qu’à l’acoustumée. Enfin Seigneur, nous marchasmes si bien, que nous descouvasmes de fort loing les Tentes Royalles, ou pour mieux dire, la plus belle Ville du monde : estant certain qu’il ne peut jamais tomber un plus magnifique objet sous les yeux. Il y avoit une estenduë de plus de vingt cinq stades en quarré, entierement pleine de Tentes rangées avec ordre & par grandes rües : & pour rendre la chose encore plus superbe, il y avoit symetrie en leur forme, & en leur disposition. Le meslange mesme