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ils peuvent estre à l’abry de l’incommodité de la pluye & des vents : & à l’ombre aussi, quand il arrive que le Soleil les importune. Un nombre infiny de Troupeaux, paissoient parmy toutes ces vastes Plaines : & adjoustoient encore beaucoup d’agrément, à un si merveilleux objet. Artamene donc, apercevoir bien admiré cette diversité de coustumes, continua son chemin, droit vers le Quartier des Tentes Royalles : car c’est ainsi qu’ils apellent en ce païs là, l’endroit où la Cour fait sa demeure. Ces Tentes changent toutefois de lieu selon les Saisons ; & quoy qu’elles soient assez souvent proche de l’Araxe, à cause de la commodité que ce grand & beau fleuve aporte à son voisinage ; lors que nous y fusmes, il nous falut faire deux journées entieres dans le païs des Massagettes, auparavant que d’arriver où estoit la Reine. Mais Seigneur, à vous dire la verité, ce voyage nous donna assez de divertissement à l’abord : & la veüe de tant de choses nouvelles, ne nous permit pas de nous ennuyer. De plus, tous ces Peuples quoy que confondus par beaucoup de personnes avec les veritables Scithes, n’ont pas leur simplicité en habillemens : au contraire, ils sont tres superbes & tres magnifiques. Car comme leur païs produit une quantité prodigieuse d’or & de cuivre, ils se servent en toutes sortes de choses de ces deux Metaux : n’employant que tres rarement le fer & l’argent, parce qu’ils en ont fort peu chez eux. Ainsi leurs Lances, leurs Carquois, leurs Fleches, leurs Marteaux d’armes, leurs Baudriers, la Bride, le Mors, tout le harnois de leurs chevaux, & cent autres choses qui seroient trop longues à dire, sont toutes d’or, ou du moins ornées avec de l’or : de sorte que tout