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d’autres, n’en avoient pas moins d’empressement. Si bien que pour ne perdre point de temps, Chrisante fut le lendemain au marin au lever du Roy de Phrigie : pour luy apprendre par un recit moins estendu, que celuy du jour precedent, tout ce qu’il avoit desja raconté de la merveilleuse vie de son cher Maistre : à la reserve des choses dont ce Prince avoit esté le tesmoing. Mais comme ils jugerent qu’il estoit à propos de ne laisser pas Ciaxare sans qu’il y eust quelqu’un aupres de luy, qui peust l’empescher de prendre une resolution violente contre Artamene ; le Roy de Phrigie dit qu’il valoit mieux qu’il y allast, & comme estant le plus affectionné, & comme estant un des plus puissans sur l’esprit du Roy des Medes. Qu’ainsi il faloit que Chrisante achevast de luy dire en peu de mots le reste de la vie d’Artamene, dont il avoit veû la plus grande partie : & qu’en suite il pourroit tout à loisir en aprendre toutes les particularitez, à ceux qui en avoient desja sçeu le commencement, d’une façon plus estenduë. Chrisante trouvnt que ce Prince avoit raison, satisfit sa curiosité : & le charma si puissamment par son recit, quoy que ce ne fust qu’un simple abregé de la vie d’Artamene ; qu’il redoubla encore de beaucoup l’estime qu’il avoit pour luy : & fit qu’il s’en alla encore avec plus de diligence chez Ciaxare, afin d’observer tous ses sentimens. Cependant Chrisante & Feraulas s’estant rendus chez Hidaspe, où le Roy d’Hircanie, Persode, Thrasibule, Artabase, Adusius & tous ceux qui avoient escouté Chrisante les attendoient : ils ne les virent pas plustost, qu’ils les presserent d’achever de leur apprendre la fuite de la belle vie d’Artamene. Ces Princes voulurent alors envoyer chez le Roy de Phrigie : mais Chrisante