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doute beaucoup plus en peine que je ne suis, de tout ce que me mande le Roy mon Pere. Alors il se mit à raconter à la Princesse & à Artamene, qu’Astiage luy mandoit que Cyrus avoit esté veû en Perse ; que depuis peu, il avoit passé en Medie : & avoit pris le chemin de la Bythinie & du Pont. Qu’en suitte il avoit fait consulter les Mages, qui avoient assure plus fortement que jamais, que le renversement de toute l’Asie alloit arriver ; & arriveroit infailliblement, si l’on n’appaisoit les Dieux. Que de plus, Astiage luy mandoit, qu’il avoit fait publier par toutes les Terres de son obeïssance, un commandement d’arrester Cyrus si on l’y trouvoit : & de le luy amener vif ou mort : promettant de grandes recompenses, à ceux qui le pourroient prendre ou le tuer. Que pour cét effet, il avoit tait aussi publier, afin qu’il peust estre plus aisément reconnu, que Cyrus portoit des Armes toutes noires : & que l’on voyoit representé à son Escu un Esclave, qui semblant avoir à choisir de Chaines, & de Couronnes, brisoit les dernieres, & prenoit les autres, avec ce mot

PLUS PESANTES, MAIS PLUS GLORIEUSES.

Ciaxare adjousta encore, qu’il avoit desja donné ordre à Aribée, de faire publier la mesme chose dans Themiscire, & en toute l’estendue de la Capadoce & de la Galatie ; afin de ne rien negliger, en une chose il importante. Je vous laisse à juger. Seigneur, de l’estat où se trouverent alors Mandane & Artamene, & de combien de pensées differentes, leur ame estoit agitée. La Princesse avoit une telle impatience que cette conversation finist, qu’elle pensa s’en aller plus