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Officiers luy dit, qu’il venoit de recevoir des nouvelles d’Astiage qui le troubloient fort ; & qu’il avoit eu ordre d’aller querir la Princesse : & de l’envoyer advertir qu’il se rendist aupres du Roy. Anamene entendant cela, creut que c’estoit quelque souslevement de Peuples, & n’en imagina rien autre chose ; mais il creut tousjours bien que ce jour là n’estoit pas favorable pour se descouvrir ; & qu’il estoit mesme à propos que la Princesse en fust advertie : de peur qu’estant mandée par le Roy, elle n’en fust surprise ; s’imaginant que c’estoit parce qu’il s’estoit descouvert : & que sur cette opinion, elle ne dist quelque chose à contre-temps qui leur peust nuire. Il retourna donc promptement sur ses pas ; & dit à cét Officier du Roy, qu’il seroit bien aise de conduire la Princesse chez Ciaxare puis qu’elle y devoit venir, le priant de luy remettre sa commission. Cét homme qui sçavoit la faveur de mon Maistre, consentit a ce qu’il voulut ; & l’assura qu’il les attendroit dans l’Antichambre ; & qu’il ne se monstrreroit point à Ciaxare. qu’il n’eust amené la Princesse. Artamene fut donc la prendre à son Apartement, où il luy dit ce qu’il sçavoit : luy faisant comprendre en allant, qu’il faloit differer l’execution de son dessein, jusques à tant qu’ils sçeussent quelle inquietude avoit le Roy.

Comme ils entrerent dans son Cabinet, ils le trouverent qu’il se promenoit seul : mais il ne les vit pas plustost qu’il s’arresta : & adressant la parole à la Princesse, Vous aviez raison ma Fille (luy dit il, le visage tout changé) de ne vous trouver pas au dernier Sacrifice que l’on fit, pour remercier les Dieux de la mort de Cyrus : puis que c’estoit en effet leur rendre grace inutilement : & si j’eusse sçeu ce que je sçay, j’eusse bien changé