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pas trop bien que respondre, à un semblable discours : & tout ce qu’il pouvoit faire, estoit de le destourner avec adresse : & de parler de guerre, au lieu de parler d’amour.

Cependant comme la chose pressoit effectivement beaucoup ; Artamene donna ordre au départ du Roy de pont en fort peu de jours : & ce Prince ne pouvant se resoudre à partir sans avoir parlé à la Princesse, & sans prendre congé d’elle ; en envoya supplier Ciaxare, qui ne voulut pas le luy refuser. Artamene qui se trouva present lors que l’on demanda cette permission au Roy, eust bien voulu s’y opposer, mais il n’osa pourtant le faire : il se trouva mesme fort embarrassé à resoudre s’il devoit se trouver à cette entre-veüe, ou ne s’y trouver pas : toutefois quoy qu’il peust faire, & quelque repugnance qu’il y eust, il voulut estre le tesmoin de cette conversation. Il craignit pourtant beaucoup de ne pouvoir se contraindre, autant qu’il seroit à propos de le faire : Mais apres tout, il ne pût s’empescher d’y aller. Bien est il vray que ce ne fut pas sans en demander permission à la Princesse, qui n’eust pas esté fachée de pouvoir se dispenser de cette visite : Neantmoins Ciaxare l’ayant promis, il n’y avoit point de remede : joint que se souvenant des belles choses qu’il avoit faites pour Artamene, elle s’en resolut plus tost à le recevoir civilement. Le jour du départ de ce Prince estant donc venu, toutes les Dames & toute la Cour se rendirent chez la Princesse, qui l’avoit ainsi ordonné : Artamene fut un des plus diligens à s’y trouver : & le pins empressé sans doute à observer tout ce qui se passeroit en cette entre-veüe. Comme le Traité qui s’estoit fait entre ces deux Rois, eut esté signé de part &