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vie, dont la suitte a esté si glorieuse. Mon Maistre pour la satisfaire, luy dit effectivement tout ce qui luy estoit arrivé : il luy aprit tout ce qu’Harpage luy avoit apris, des mauvaises intentions d’Astiage contre luy. Il luy dit apres, les offres qu’Harpage luy avoit faites, de faire souslever la Province des Paretacenes, contre le Roy de Medie : il luy conta de quelle sorte il l’avoit refusé, & luy avoit ordonné de ne luy faire plus de semblables propositions. Il luy exagera un peu, la droicture de ses sentimens, en une occasion si delicate & si dangereuse : il luy dit encore comme quoy le desir de voyager pour aller chercher la guerre, l’avoit fait quitter la Perse & changer de Nom : & en peu de mots, il repassa une partie des lieux où il avoit esté : & luy dit enfin comment la tempeste l’avoit jetté à Sinope : & comment il avoit esté au Temple de Mars, où il l’avoit veüe remercier les Dieux de sa mort. Il est vray, dit la Princesse, que j’ay tousjours assisté aux Sacrifices que l’on a faits, pour rendre graces aux Dieux de la perte de Cyrus : mais il est pourtant vray aussi, que je ne me resjoüiffois point de sa mort : & qu’il m’a tousjours semblé, qu’il y avoit beaucoup de temerité à ceux qui osoient se vanter d’expliquer si precisément les Oracles, & les presages des Astres. Quoy Madame, interrompit mon Maistre, je pourrois croire que l’illustre Mandane ne se seroit pas resjoüie de la mort de Cyrus ? Cyrus, dis-je, qu’Astiage a voulu faire mourir dans le Berçeau : Cyrus que les Mages ont assure devoir occuper le Throsne du Roy des Medes, & commander à toute l’Asie : & Cyrus enfin, qui dés son enfance a troublé le repos d’un Roy, qui vous doit estre tres considerable. Il ne vous doit pas sembler estrangge,