de le faire connoistre au Roy ; & apres avoir commandé qu’en attendant mieux, on luy donnast un fort beau cheval & de belles Armes ; il le congedia : & luy ordonna toutefois de ne s’esloigner point : afin qu’il sçeust precisément où il seroit, en cas qu’il eust besoin de luy. Apres que cét Officier fut party, Artamene releut ce qu’il avoit desja leû : & reconnoissant l’escriture de Philidaspe, ô Dieux ! s’escria-t’il, Philidaspe est le Prince d’Assirie ! Philidaspe est amoureux de Mandane ! & Philidaspe la veut enlever ! Que vois-je ? qu’aprens-je ? & quel remede y puis-je aporter ? Du moins, disoit-il, je suis assuré de sa propre main, qu’il n’a pas esté plus heureux que moy : la Princesse ne sçait, ny sa condition, ny son amour : profitons de cette ignorance : soyons fidelles à nostre Ennemy, & ne le descouvrons pas de peur qu’en le descouvrant, nous ne le servissions nous mesmes. Il faut faire manquer sa conspiration par une autre voye : & il faut qu’en luy faisant perdre la vie, nous mettions la Princesse en seureté. Il envoya alors s’informer si l’on ne pourroit point descouvrir precisément où estoit Philidaspe : mais quelque soing que l’on y peust aporter, il luy fut impossible de l’aprendre. Quelques uns disoient qu’il estoit dans ce Chasteau où il commandoit : quelques autres assuroient qu’il n’y estoit pas : les uns disoient qu’il estoit allé faire un voyage de quinze jours : & les autres encore, que l’on n’en sçavoit rien du tout. Cependant comme Artamene ne sçavoit pas le temps où cette conjuration devoit esclater, il voyoit bien que la chose pressoit : mais il avoit pourtant quelque peine à se resoudre d’aller aprendre à la Princesse, que Philidaspe devoit estre un jour
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