ceux de Timocreon, qui eſtoient à Epheſe & à Sardis, avoient mandé qu’on les avoit abuſez : & que le départ’des princeſſes, bien loin d’eſtre differé comme ils l’avoient eſcrit, eſtoit avancé de pluſieurs jours : de ſorte, luy dit-il, que le Roy de Phrigie veut sçavoir de vous ce qu’il vous plaiſt qu’il face. Il n’y a plus rien à faire qu’à mourir, repliqua Cyrus. Il a creu auſſi, adjouſta Artabaſe, qu’il devoit vous aprendre qu’on luy mande de Sardis, que Creſus s’aſſure ſi fort ſur l’Orale qu’on luy a rendu à Delphes, qu’il ne doute preſque point de la victoire. A t’on envoyé cét Oracle a Timocreon ? demanda Cyrus ; ouy Seigneur, reſpondit Artabaſe, & le Roy de Phrigie vous l’envoye.
En diſant cela il le preſenta en effet à ce Prince, qui apres l’avoir pris, vit qu’il eſtoit tel.
ORACLE
Si tu fais cette guerre, où ton deſir aſpire,
Tu deſtruiras un grand Empire.
Eh ! pluſt aux Dieux (s’eſcria Cyrus, apres avoir leu cét Oracle) que je ne deuſſe perdre que des Couronnes : car ſi cela eſtoit ainſi, j’en ſerois bien-toſt conſolé. Mais la choſe n’eſt pas en ces termes : & ces meſmes Dieux dont je parle, promettant Mandane au Roy d’Aſſirie, & l’Empire à Creſus, que me peut-il reſter ? je ne sçay meſme s’ils me laiſſront un Tombeau : & s’ils m’accorderont la grace, de mourir auſſi glorieuſement que j’ay veſcu. Du moins ne ſuis-je pas reſolu de ceder ſans reſistance : & ſi j’ay à