Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/635

Cette page n’a pas encore été corrigée

donné ordre à Andramite de les conduire juſques à la moitié du chemin d’Epheſe à Sardis, où le Roy de Pont iroit les recevoir avec des Troupes que Creſus luy donneroit pour cela : s’imaginant meſme que ce Prince n’eſtant pas à Epheſe, il ſeroit plus aiſé de tromper ceux qui pourroient avoir formé quelque entrepriſe pour delivrer les princeſſes, pendant le trajet qu’elles devoient faire ; n’eſtant pas vray-ſemblable qu’il ne vouluſt pas les eſcorter luy meſme. Et comme le lieu où il les devoit joindre, eſtoit à plus de cinquante ſtades du Chaſteau d’Hermes, il ne s’eſtoit pas trouvé au combat qui s’eſtoit fait. Cyrus aprenant donc toutes les circonſtances de cette avanture, en fut encore plus affligé : car il voyoit que s’il euſt eſté bien adverty, Mandane euſt aſſurément eſté delivrée. Il recommença donc ſes pleintes, avec plus de violence qu’auparavant : qui furent touteſfois interrompuës par Artabaſe, qui luy dit qu’un des cavaliers qui avoient paſſe la Riviere d’Hermes avec eux, & qui s’eſtoit ſauvé à pied, venoit de luy donner des Tablettes, qu’il diſoit avoir veu tomber de la poche du Roy d’Aſſirie, pendant qu’il combatoit : & les avoit ramaſſées depuis, en repaſſant au meſme lieu, apres le combat finy. Il adjouſta qu’ayant veu quelque choſe d’eſcrit dedans, en une langue qu’il n’entendoit point ; & que sçachant les intereſts qu’ils avoient à démeſler enſemble, il avoit creu de ſon devoir de les retirer des mains de ce cavalier, & de les luy aporter : n’ignorant pas qu’il n’y avoit point de langue qu’il ne sçeuſt. Cyrus prenant ces Tablettes, & ne pouvant pas n avoir point de curioſité pour tout ce qui venoit de ſon Rival, vit qu’elles eſtoient de Cedre, & aſſez