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Il ne faloit pas pourtant laiſſer de marcher touſjours, ſans sçavoir ou on le conduiſoit : le Roy d’Aſſirie s’adviſa touteſfois à la fin de le demander à un ſoldat Lydien : qui luy reſpondit qu’on les menoit à Andramite, qui commandoit les Troupes en l’abſence du Roy de Pont. Comme ce Prince alloit s’informer plus preciſément des choſes, un Officier rompit cette converſation : s’imaginant que le Roy d’Aſſirie ne parloit à ce ſoldat que pour le ſuborner, afin de luy aider à s’eſchaper. Ils marcherent donc depuis cela ſans parler, non pas meſme entre eux : chacun s’entretenant de ſa propre infortune. Cyrus eut meſme la generoſité de ne reprocher pas au Roy d’Aſſirie qu’il eſtoit la cauſe de leur malheur : puiſque ſans luy ils ne ſeroient pas venus au lieu ou ils avoient eſté pris, qu’en un eſtat qui n’auroit pas permis qu’on les euſt vaincus de cét te ſorte. Cependant ils avancent touſjours : & arrivent enfin au lieu où eſtoit Andramite : qui ne les vit pas pluſtost, qu’il reconnut Tegée & Soſicle : de ſorte que ſans s’amuſer beaucoup aux autres ; je ſuis bien malheureux (leur dit-il, car il eſtoit aſſez de leurs Amis) que vous ſoyez tombez en mes mains : mais comme vous sçavez à quoy l’honneur m’oblige, j’eſpere que vous ne trouverez pas eſtrange que je vous parle comme à des priſonniers de guerre que vous elles, & non pas comme à mes Amis : c’eſt pourquoy dites moy ce que vous faiſiez dans ce Bois, quel nombre de gens il y avoit preciſément ; & ce que vouloit faire le Prince Artamas, que j’ay sçeu eſtre bleſſé & priſonnier ? nous ne pouvons pas (reſpondit Soſicle fort prudemment) vous dire quel deſſein avoit le Prince Artamas, que