des arbres & la multitude des ennemis juſques à vingt pas de là : où tombant mort tout d’un coup, Cyrus n’eut pas peu de peine à ſe deſgager de deſſous luy. Il en vint pour tant enfin à bout : mais en ſe relouant, il trouva qu’il n’avoit plus à la main qu’un tronçon de ſon eſpée, qui avoit eſté rompuë par un tronc d’arbre, lors que ſon cheval l’avoit emporté ſi impetueuſement. De ſorte que ſe voyant un inſtant apres environné, & de pluſieurs qui l’avoient ſuivy, & de plus de cent autres qui arrivoient encore tous frais ; il ne pût empeſcher que le Vainqueur de tant de Nations, ne fuſt vaincu une fois. Il voulut pourtant encore ſe deffendre, mais ce fut inutile ment : car cinq ou ſix s’eſtant jettez ſur luy en un meſme inſtant, le ſaisirent & le firent priſonnier, ſans qu’il euſt receu aucune bleſſure. Tigrane, Phraarte, Chriſante, Aglatidas, Anaxaris, & Feraulas, voyant que Cyrus eſtoit pris, & qu’il leur eſtoit abſolument impoſſible de ſonger à le delivrer, commencerent de ne ſonger plus qu’à ſe ſauver eux meſmes s’ils pouvoient : à la reſerve de Feraulas qui ſe laiſſa prendre, afin d’eſtre compagnon de la diſgrace de ſon maiſtre. Pour les autres, ne faiſant plus que parer en reculant vers l’eſpaisseur du Bois, ils furent ſi heureux, quoy qu’une partie d’entre eux fuſſent bleſſez, que lors qu’ils y furent, ceux qui les ſuivoient ayant oüy un grand bruit qui ſe faiſoit à l’endroit où le Roy d’Aſſirie & le Prince Artamas combatoient, firent alte de peur de tomber en quelque embuſcade : pendant quoy s’enfonçant dans le plus eſpais du Bois, en tirant du coſté de la Riviere, ils s’y cacherent & s’y tindrent juſques à la nuit, à la reſerve d’Anaxaris, de qui le cheval broncha & le fit prendre. Cependant le Roy d’Aſſirie, &
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