que ce Roy la feroit retourner ſur ſes pas, pendant qu’il feroit ferme avec toutes ſes Troupes : ſi bien que hors de faire une embuſcade de la maniere dont le Prince Artamas l’avoit propoſé, il n’y avoit point lieu d’eſperer un bon ſuccés de cette entrepriſe. Neantmoins le Roy d’Aſſirie ne ſe voulant pas encore rendre, dit qu’il eſtoit perſuadé que ceux qui viendroient du coſté d’Epheſe, pourroient deſcouvrir les gens de guerre qui ſeroient derriere le Tertre : & quoy qu’on luy fiſt remarquer que le chemin baiſſoit de ce coſté là, & que ce Tertre faiſant un demy rond il n’eſtoit pas poſſible qu’ils puſſent eſtre aperçeus ; neantmoins il voulut y aller, & ils y furent tous auſſi bien que luy. Apres qu’Artamas luy eut fait remarquer qu’il s’eſtoit trompé, ils furent encore reconnoiſtre le Tertre : & ils obſerverent meſme ſi la Plaine à l’endroit qu’il la faudroit traverſer pour aller attaquer ceux qui ſeroient dans le chemin, n’avoit point quelque défilé capable d’empeſcher la cavalerie d’aller viſte, comme il faudroit qu’elle fiſt pour ſurprendre les ennemis, & pour eſviter les coups de trait le pluſtost qu’ils pourroient. En ſuite ils furent tous dans le Bois, & s’y enfoncerent meſme aſſez avant, pour en reconnoiſtre toutes les advenuës & toutes les ſorties : Chutante leur diſant qu’il ne faloit pas moins ſonger à ce qu’ils feroient s’ils eſtoient vaincus, qu’à ce qu’il faloit faire pour vaincre. Ils n’entrent pourtant pas tant tardé dans ce Bois, ſi ce n’euſt eſté que pour cette raiſon : mais le Prince Artamas ayant propoſé qu’il faudroit que le Pere de Ligdamis fiſt tenir un Bateau en un endroit ou ce Bois s’eſtend juſques au Fleuve, afin que ſi par hazard les ennemis ſe rendoient maiſtres du Pont, cela ne les empeſchast pas de pouvoir
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