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comme s’il euſt eſté un des Capitaines de Creſus. Cependant comme perſonne ne ſe coucha, dés que les premiers rayons du Soleil commencerent de blanchir les nuës du coſté de l’Orient, Cyrus montant à cheval le premier, ſuivy du Roy d’Aſſirie, du Prince Artamas, de Tigrane, de Phraarte, d’Aglatidas, d’Anaxaris, de Feraulas, d’Artabaſe, de Ligdamis, de Chriſante, d’Aduſius, de Soſicle, de Tegée, & des cinquante cavaliers qui luy faiſoient Eſcorte, paf ſa le Pont du Chaſteau d’Hermes, pour aller voir le lieu où il eſperoit devoir bien-toſt delivrer ſa chere Mandane. Le Prince Artamas pour faire voir au Roy d’Aſſirie qu’il avoit eu raiſon, mar chant entre Cyrus & luy, leur monſtra de la main dés qu’ils furent au bout du Pont, le Tertre couvert d’Arbres, qui s’eſlevoit dans la Plaine, au delà du grand chemin ; le Bois qui eſtoit à la droite ; & le chemin d’Epheſe ; qui alloit en baiſſant vers la gauche : leur faiſant voir alors ſi clairement que ce qu’il avoit propoſé eſtoit bien imaginé, que ſi le Roy d’Aſſirie ne ſe rendit pas encore, ce fut pluſtost par opiniaſtreté, que par raiſon. Chriſante fort entendu en de ſemblables choſes, dit pour fortifier l’advis d’Artamas, que l’entrepriſe ne ſe pouvoit executer autrement : parce que ſi les premieres Troupes qui conduiroient les princeſſes, apercevoient d’abord un gros ſi conſiderable comme ſeroit le leur, ſi tous leurs gens eſtoient joints ; elles ne manqueroient pas d’en advertir le Roy de Pont en un inſtant, en faiſant paſſer la parole de rang en rang juſques à luy ; & qu’ainſi comme il ne s’agiſſoit pas de gagner une Bataille, mais de conſerver la Princeſſe qu’il aimoit, il eſtoit à croire