commençant de s’impatienter, de ne recevoir point les advis que les Amis de Menecée, & ceux de Timocreon leur devoient donner d’Epheſe & de Sardis, ne parloient plus d’autre choſe : mais à la fin ceux qu’ils attendoient eſtant arrivez, ils sçeurent que le départ des princeſſes eſtoit aſſurément differé de huit jours : marquant preciſément le jour & l’heure qu’elles devoient ſortir d’Epheſe ; nommant les Chefs des Troupes qui les devoient eſcorter ; & diſant enfin toutes choſes ſi particulièrement, que ces Princes eurent lieu de prendre leurs meſures ſi juſtes, qu’ils pouvoient croire que leur entrepriſe ne pouvoit manquer. Il y eut pourtant quelque diſpute entre eux, pour l’execution de la choſe : car le Prince Artamas, qui connoiſſoit tres bien le pais, diſoit qu’il faudroit partager leurs Troupes : en mettre une partie dans le Bois par où les princeſſes devoient paſſer, & cacher le reſte derriere un Tertre aſſez eſlevé, qui eſtoit couvert d’arbres, & qui eſtoit à la gauche au milieu de la plaine que le grand chemin d’Epheſe à Sardis traverſoit : afin que lors que les Chariots des princeſſes ſeroient juſte ment entre le Bois & ce Tertre, & preſques vis à vis du Chaſteau d’Hermes, où l’on auroit auſſi laiſſe des gens ; ils puſſent enveloper le Roy de Pont, en luy coupant chemin de toutes parts : & faire paſſer la Riviere à ces princeſſes, preſques auparavant que leurs ennemis euſſent eu le temps de ſe reconnoiſtre. Cyrus comprenant mieux l’aſſiette du lieu, que le Roy d’Aſſirie ne la comprenoit, tomba d’accord de ce que propoſoit le Prince Artamas : mais pour luy, il dit que ce n’eſtoit point là ſon advis : qu’au contraire, en ſe ſeparant, c’eſtoit le moyen d’eſtre vaincus les uns apres
Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, quatrième partie, 1654.djvu/601
Cette page n’a pas encore été corrigée