ne le voulut pas ; diſant qu’il ſeroit indigne du traitement qu’il avoit reçeu de Cyrus, s’il ne retournoit pas vers luy. Artamas voulut encore luy reſister : touteſfois la generoſité de Ligdamis eſtant fortifiée par un ſentiment d’amour, il l’emporta, & fit ce qu’il avoit reſolu. Ils retournerent donc vers Cyrus, qui les receut avec une extréme joye : aprenant d’eux l’heureux ſuccés de leur negotiation. Artamas remercia ce Prince du favorable traitement que Ligdamis en avoit receu : & Ligdamis voulant recommencer de s’en louer tout de nouveau, força la modeſtie de Cyrus à luy impoſer ſilence. Mais pour le faire de meilleure grace, il ne les empeſcha de parler de luy, qu’en parlant luy meſme des obligations qu’il leur avoit : d’avoir mis les choſes en eſtat de pouvoir eſperer de delivrer bien toſt Mandane. Artamas qui n’eſtoit pas moins intereſſé que luy en cette rencontre, ne pouvoit ſouffrir qu’il luy rendiſt grace de ce qu’il avoit fait : & Ligdamis trou liant qu’il eſtoit luy meſme tres obligé, & à l’un & à l’autre de ces Princes, ne pouvoit non plus ſe reſoudre à recevoir les remercimens qu’ils luy faiſoient. Durant cette conteſtation de civilité, le Roy d’Aſſirie ayant sçeu leur retour, vint chez Cyrus, comme il eſtoit preſt d’envoyer vers luy, pour luy aprendre comment leur negociation avoit reüſſi : de ſorte que partageant la joye de ſon illuſtre Rival, & eſperant auſſi bien que luy de voir Mandane delivrée ; il donna auſſi mille marques de gratitude, aux negociateurs de cét te entrepriſe : n’ayant preſques plus les uns & les autres d’autre inquietude, que l’impatience de recevoir les advis que les Amis de Menecée devoient donner du depart des princeſſes, & de l’Eſcorte
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