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donna pourtant quelque conſolation : car il luy aſſura ſi fortement qu’il ſeroit bien traitté de Cyrus, qu’il diminua une partie de ſon deſplaisir. Il luy offrit meſme d’envoyer Soſicle en sçavoir des nouvelles : & en effet il l’envoya, jugeant bien que juſques à ce qu’il sçeuſt avec certitude où eſtoit ſon Fils, il ne concluroit rien avecque luy : Mais par bon-heur, Soſicle ayant rencontré Ligdamis & Feraulas, ſon voyage fut accourcy. Apres avoir embraſſé Ligdamis, dont la rencontre le ſurprit agreablement, car ils s’eſtoient touſjours fort aimez, s’eſtant rendu conte de ce qu’ils alloient faire, ils s’en retournerent tous trois au Chaſteau d’Hermes, où ils furent reçeus avec une joye extréme : eſtant meſme aſſez difficile de dire qui avoit plus de ſatisfaction de voir Ligdamis, ou de ſon Pere, ou du Prince Artamas. Depuis cela, l’affaire dont il s’agiſſoit n’eut plus de difficulté : parce que dés que Ligdamis eut raconté à ſon Pere, de quelle façon Cyrus l’avoit traitté, & de quelle maniere ſa Sœur & les Dames qui eſtoient avec elle eſtoient ſervies, ſon cœur ſe trouva tout changé : principalement quand Ligdamis adjouſta que Cyrus ne demandoit paſſage que pour autant de Troupes qu’il en faloit, pour delivrer les deux princeſſes captives : & qu’il luy avoit engagé ſa parole, de donner la paix à la Lydie, s’il les delivroit par ſon moyen. Apres cela ce gouverneur n’ayant pas la force de s’oppoſer au Prince Artamas, à Ligdamis, & au bien de ſa Patrie, il accorda ce qu’on ſouhaitoit de luy : de ſorte que le Prince de Phrigie s’en retourna tres ſatisfait. Il voulut obliger Ligdamis à demeurer aupres de ſon Pere, afin de l’entretenir dans les ſentimens où il l’avoit mis mais il