demeurez ſeuls aupres de Ligdamis, qui n’ignoroient pas qu’ils faiſoient une choſe fort injuſte, & qui avoient lien de croire, veu le bruit qu’ils entendoient, que l’on viendroit bien toſt à eux, & qu’il ſeroit aiſé de les prendre ; trouverent plus de ſeureté à ſonger de ſe mettre à couvert de l’orage dont ils eſtoient menacez, en obligeant Ligdamis & en le delivrant : c’eſt pour quoy apres avoir tenu ce petit conſeil entre eux, ils offrirent à Ligdamis, qu’ils sçavoient eſtre ſoit riche, & fort liberal, de le faire ſauver : & luy advoüerent que c’eſtoit Hermodore qui l’avoit fait prendre. Mais pour n’oſter point le merite de leur action, ils ne dirent pas que leurs compagnons fuſſent allez ſecourir Hermodore : au contraire, feignant que c’eſtoit une querelle de gens inconnus, ils luy dirent qu’ils ſe ſervoient de cét te occaſion pour le delivrer : & le delivrant en effet, ils le firent ſortir par la porte, ſans y chercher d’autre fineſſe. Car comme ceux qui combatoient s’en eſtoient eſloignez, & avoient meſme tourné un coin de ruë qui eſtoit fort proche, il leur fut aiſé de le faire : mais comme on ne pouvoit pas ſortir d’Epheſe à l’heure qu’il eſtoit, Ligdamis creut ne pouvoir trouver d’azile plus ſeur que ma maiſon : ſi bien que venant fraper à ma porte, & ayant prié qu’on me vinſt dire, afin qu’on la luy ouvriſt, que c’eſtoit un Phrigien qui demandoit à me parler, mes gens firent ce qu’il ſouhaitoit. Je vous laiſſe à penſer quelle ſurprise fut la mienne, lors qu’apres qu’on luy eut ouvert, je le vy entrer dans ma Chambre avec ſes deux Gardes, & ſes deux liberateurs tout en ſemble : comme j’eſtois revenuë de chez Cleonice extraordinairement tard, & que j’avois eu pluſieurs pluſieurs
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