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où on le gardoit : ſi bien que ſortant de chez luy avec deux de ſes gens ſeulement, à l’heure que tout le monde ſe retire, il fut aperçeu par le Parent de Ligdamis & par ceux qu’il avoit mis en garde pour cela. Mais ne voulant pas l’attaquer ſi prés de ſa maiſon, de peur qu’il ne fuſt ſecouru par les ſiens, ils le ſuivirent d’aſſez loin, pour n’eſtre pas deſcouverts par luy, devant qu’ils le vouluſſent eſtre : & d’aſſez prés auſſi, pour le pouvoir joindre quand ils voudroient. Mais ils furent eſtrangement eſtonnez, apres l’avoir ſuivy quelque temps, de voir qu’il s’arreſtoit à la porte d’un domeſtique de Ligdamis, & de celuy chez qui Cleonice & moy avions dit à ſon Parent qu’il avoit couché : de ſorte que ſans avoir loiſir de raiſonner ſur cela, & ne voulant pas luy donner le temps d’entrer dans cette maiſon, il l’attaqua courageuſement : mais taſchant plûtoſt à le prendre qu’à le tuer, il luy ſaisit d’abord un bras, afin de l’eſloigner de cette porte : & en effet il le tira ſi fortement, qu’il l’en eſloigna de quatre pas. Neantmoins ne pouvant pas le retenir, il fut contraint de laſcher priſe, & de ſonger à ſe deffendre d’Hermodore & de ſes gens, qui mirent l’eſpée à la main contre luy : toutes fois le Parent de Ligdamis eſtant beaucoup mieux accompagné, l’auroit aiſément tué, s’il ne l’euſt pas voulu prendre vivant : & l’auroit meſme facilement pris ; ſi Hermodore apellant ce domeſtique de Ligdamis par ſon nom, pour l’obliger de venir à ſon ſecours, n’euſt effectivement eſté ſecouru par luy, & par quatre des gardes de Ligdamis. Mais ce renfort eſtant venu a Hermodore, le combat fut plus ſanglant & plus opiniaſtré : cependant les deux gardes qui eſtoient