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Ligdamis, mais auſſi celle d’Hermodore : ouy, Madame, pourſuivit-il, vous les pouvez ſauver toutes deux, en prononçant quelques paroles : & vous n’aurez pas pluſtost dit que vous conſentez que je fois heureux, que Ligdamis ſera delivré. Cleonice eſtrangement ſurpris du diſcours d’Hermodore, le regardoit ſans pouvoir preſques luy reſpondre : & ſoupçonnant quelque choſe de la verité ; mais, Hermodore, luy dit-elle, ne ſeriez vous point aſſez meſchant, pour avoir arreſté Ligdamis ? je ſuis aſſez amoureux pour tout entre prendre, luy dit-il ; mais enfin. Madame, ſans vous informer plus preciſément ny du lieu où il eſt, ny qui l’a pris, reſpondez ſeulement à ce que je vous ay dit. Auſſi bien, adjouſta-t’il, Ligdamis eſt un homme diſgracié, qui ne ſe verroit jamais en eſtat de vous teſmoigner ſa paſſion à Epheſe. Ligdamis, reprit-elle fierement, eſt un homme illuſtre, que je prefere, tout diſgracié qu’il eſt, à tous ceux qui ne le ſont pas : au reſte, Hermodore, vous m’en avez trop dit : & puiſque vous eſtes en pouvoir de delivrer Ligdamis, il le faut faire, ou vous reſoudre à eſtre haï de moy, juſques au point de n’avoir jamais de repos, que je ne me ſois vangée de vous. Où au contraire, adjouſta-t’elle fine ment, ſi vous avez la generoſité de le delivrer ſans conditions, je vous en ſeray ſi obligée, que je n’auray aſſeurément plus la force de vous traiter comme j’ay fait : mais de vouloir m’engager tiranniquement, à vous promettre devons eſpouser, c’eſt que je ne sçaurois ſouffrir que vous me demandiez, ny ce que je ne feray jamais, quand meſme ma vie ſeroit auſſi expoſée que l’eſt celle de Ligdamis. Mais vous, Madame, adjouſta-t’il, voudriez vous que j’allaſſe delivrer mon Rival, afin qu’il vinſt